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Titre du blog : Une Femme sans Importance
Auteur : unefemmesansimportance
Date de création : 28-09-2009
 
posté le 17-10-2010 à 21:46:46

Une critique - L'Indépendant - 11 juillet 2010

 

8 juillet de l'an 2010, le spectateur de la Cour de la Madeleine est accueilli dans la demeure de campagne des Hunstanton, famille de lignée aristocratique britannique. Quatre voiles de mousseline blanche sont hissés sur plus de 3mètres de haut. Les courants d'air tout droit venus de la mer semblent vouloirse lover au creux de cette étoffe plus anglo-saxonne que méditerranéenne. Le choc des cultures commence pour notre plus grand plaisir.
 
"Une femme sans importance" est l'affaire d'un théâtre avec un grand T. Portée avec réussite par la compagnie La comédie de la Mansonnière, elle bénéficie d'une mise en scène ingénieuse. Bande-son remarquable, costumes et guêtres pour les hommes, robes longues et chapeaux pour les femmes, justesse du jeu et juste sobriété des décors, l'élégance est de mise. Chaque élément participe à la distinction du spectacle.
 
Pièce écrite en 1894 par Oscar Wilde, elle est à bien des égards fascinante. Outre le drame qui se joue sous nos yeux, elle dépeint une société anglaise écartelée entre modernité et tradition. Transparaît un climat social et politique lié à la révolution industrielle du XIX e siècle, à la menace de la démocratie pour cette aristocratie définitivement tradionnaliste, et à une intelligentsia féminine timidement réfractaire. Quidam de l'ère contemporaine, nous sommes transportés dans le cercle de la haute société. De la haute voltige sur le fond et sur la forme.
 
O. Wilde est servi par des acteurs qui saisissent avec merveille la langue acerbe shakespearienne. Assis sur nos chaises en plastique, nous dégustons notre "cup of tea" sans modération, avec tout le sucre qui va avec. Mouchoir blanc pour essuyer la commissure de nos lèvres, nous avons discrètement essuyé ces larmes qu'on ne peut arrêter... Témoin du drame vécu par Rachel Harbuhtnot, femme sans importance, nous ne souffrons que trop de cette vie brisée par George Hartford, homme sans importance.
 
Le théâtre rejoint alors la pellicule du 7e art pour nous emporter là où souffle le vent de nos sentiments.